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Saint-Chamond

20 décembre 2008

travaux en cours ancienne propriété Pinay

travaux_anc_prop_Pinay_20





travaux en cours

dans l'ancienne propriété Pinay


travaux_anc_prop_Pinay_20
la pelleteuse et la grue sont en place (20 décembre 2008)
 

travaux_anc_prop_Pinay_20
la maison d'entrée a définitivement disparu (20 décembre 2008)


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le tronc des arbres est protégé (20 décembre 2008)


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l'allée centrale qui menait à la maison d'Antoine Pinay (20 décembre 2008)


travaux_anc_prop_Pinay_20
au fond, les monts du Lyonnais (20 décembre 2008)

travaux_anc_prop_Pinay_20
samedi 20 décembre 2008

© photos Michel Renard


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14 décembre 2008

sauvegarder l'église Notre-Dame

_glise_Notre_Dame_St_Chamond__15_Notre_Dame_en_1967_____couleurs


surtout, ne pas détruire l'église

Notre-Dame

une ville, c'est d'abord une histoire

Pour être habitant de Saint-Chamond de fraîche date (2005), je n'en suis pas moins sensible aux signes de son passé quelle que soit son ancienneté. Je le suis par tendance "naturelle" qu'explique mon métier de professeur d'histoire. Mais je le suis aussi par expérience, ayant longtemps habité la banlieue parisienne.

Les villes qui sont sorties de la frénésie "hlm-iste" des années 1960 et 1970 ne sont pas des villes pour la plupart. Elles n'ont pas d'âme, parce qu'édifiées sans souci des repères nécessaires à une véritable sociabilité urbaine. On a élevé des tours et des "barres" dans des champs de cultures maraîchères, on a rasé les édifices anciens, même les églises, on a fait disparaître les centres historiques des communes, ne laissant que des supermarchés et des galeries commerciales qui fabriquent peut-être des consommateurs mais certainement pas des citoyens appréciant de vivre ensemble.

Quand on a la chance d'avoir pu conserver les vestiges du passé qui donnent une épaisseur humaine à la ville, on doit les préserver. Cette église Notre-Dame mérite peut-être certaines critiques. Mais c'est un vaisseau majestueux dont l'image est riche des milliers de paroissiens ou de simples passants qu'elle a vu défiler. Elle a suscité de l'admiration comme en témoigne la carte postale ci-dessous, datée de 1901...!

Elle est partie de l'identité de la commune. Une image de son passé dans lequel beaucoup se reconnaissent encore. Et dans laquelle il serait judicieux que puissent y trouver un repère de mémoire les jeunes habitants de la ville. On respecte ce qui a de l'âge, ce qui cristallise les sentiments de générations antérieures. Que ferait-on d'un centre commercial, d'une laide enseigne de restauration rapide...? Une ville, c'est d'abord une histoire.

Et c'est aussi de l'art. "À quoi servent ces monuments ? disent-ils. Cela coûte des frais d'entretien, et voilà tout. Jetez-les à terre, et vendez les matériaux. C'est toujours cela de gagné. Depuis quand ose-t-on, en pleine civilisation, questionner l'art sur son utilité-? Malheur à vous si vous ne savez pas à quoi l'art sert !", Victor Hugo, 1832.

Michel Renard
professeur d'histoire au lycée de Saint-Chamond
co-auteur de Faut-il avoir honte de l'identité nationale ?



- voir les photos de l'église Notre-Dame de Saint-Chamond, 22 décembre 2008

- l'église Notre-Dame de Saint-Chamond, construite en 1881


_glise_Notre_Dame_St_Chamond__14_

"Il y a deux choses dans un édifice : son usage et sa beauté.

Son usage appartient au propriétaire, sa beauté à tout le monde,

à vous, à moi, à nous tous. Donc détruire, c'est dépasser son droit"

Victor Hugo, Guerre aux démolisseurs, 1825


hugo

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"l'église Notre-Dame est magnifique..." : carte écrite en 1901


_glise_magnifique_1901

7 septembre 1901 - l'église Notre-Dame est magnifique, le bas du perron se termine de chaque côté par un lion en pierre. L'église est éclairée à l'électricité. Chaire à prêcher est toute en marbre blanc, le dôme en bois sculpté. Chapelles de Saint-Joseph et de la Sainte-Vierge en marbre blanc.

Visite de l'église Saint-Pierre (...) ancienne. Beau plafond, belle tribune blanche et dorée. C'est dans cette église qu'a été mariée (...).

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article_notre_dame_01
Le Progrès, 4 décembre 2008 - cliquer sur l'image pour l'agrandir

- site du Comité de sauvegarde de l'église Notre-Dame

Réunion publique d'information

jeudi 18 décembre 2008 à 19 h 30 à la salle Condorcet

(à proximité de la mairie)

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un patrimoine au coeur de l'identité de la cité


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l'église Notre-Dame, centre iconographique de Saint-Chamond


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Saint-Chamond : de la verdure et une église


_glise_Notre_Dame_St_Chamond__4_
une place qui doit son harmonie à la verticalité de l'église


_glise_Notre_Dame_St_Chamond__5_
un édifice cultuel fréquenté par les paroissiens


Notre_Dame_les_deux_lions___l_entr_e
une entrée imposante et originale où l'on se montre


_glise_Notre_Dame_St_Chamond__6_
l'axe de la place


_glise_Notre_Dame_St_Chamond__7_
le centre festif et cérémoniel de la ville


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une église qui gagne en valeur esthétique par la perspective que lui offre la place


_glise_Notre_Dame_St_Chamond__8_
peut-être faudrait-il replanter des arbres...?


_glise_Notre_Dame_St_Chamond__10_
1967 ou avant


_glise_Notre_Dame_St_Chamond__11_
"conserver ces vieux souvenirs du passé, c'est la pensée de tous les gens instruits",
Mérimée, 1859



_glise_Notre_Dame_St_Chamond__12_
réouvrir cette nef imposante à tous les usages religieux ou culturels...


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et permettre à chacun de gravir ces marches


_glise_Notre_Dame_St_Chamond__13_
avant 1932


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"détruire, c'est dépasser son droit", Victor Hugo


_glise_Notre_Dame_St_Chamond__15_
collection de la Loire illustrée


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des images "voyageantes" de Saint-Chamond


_glise_Notre_Dame__voyageante_

Jeudi,

Cher Janot

Je t'envoie un gros baiser ainsi qu'au Papa et à la Maman. J'espère que vous allez tous bien. Moi j'ai pris un gros rhume lundi. À part cela, je ne vais pas trop mal. Je t'écrirai (....) lettre pour dimanche ou lundi, mais j'attends une lettre avant.
Je t'embrasse fort.
Ta grande Lisa

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_glise_notre_Dame__crite

le 5 août 1901 - Cher ami - Voilà bientôt quinze jours que nous sommes en vacances, mais je peux t'assurer que je n'ai pas perdu mon temps, je me suis amusé comme quatre. Demain mardi, s'il fait beau temps, j'irai au Pilat, avec quelques amis nous partons à une heure du matin et nous rentrons le soir à sept heures, c'est une belle promenade. Je n'ai pas encore commencé mes devoirs de vacances, mais j'espère que je ne tarderai pas à les commencer. J'espère que tu passes de bonnes vacances !
Adieu cher ami Martinod, et en attendant de tes nouvelles, reçois une cordiale poignée de main de ton ami dévoué.

Joseph Jourmond

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_glise_Notre_Dame___notre_chambre






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10 décembre 2008

église Saint-Ennemond photos et histoire

_glise_saint_Ennemond__3_




église Saint-Ennemond à Saint-Chamond

photos et histoire



  • vues anciennes de l'église de Saint-Ennemond [voir]

 

église Saint-Ennemond cpa
église Saint-Ennemond, à Saint-Chamond (carte postale ancienne)

 

_glise_Saint_Ennemond_chapelle_Sainte_Marguerite_de_Cortone__1_






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4 décembre 2008

quand le Gier coulait à ciel ouvert

_glise_St_Pierre_vue_du_Gier



quand le Gier coulait à ciel ouvert

à Saint-Chamond



abords_du_Gier_St_Pierre_St_ennemond
les abords du Gier à Saint-Chamond ;
à gauche, l'église Saint-Pierre ; à droite, la colline Saint-Ennemond

Gier_dans_le_vieux_quartier
le Gier dans le vieux quartier


vielles_maisons_bord_du_Gier
vieilles maisons au bord du Gier

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le pont Saint-Pierre sur le Gier

 

Gier__vue_prise_du_Pont_St_Pierre
le Gier, vue prise du Pont Saint-Pierre

 

les_bords_du_Gier
les bords du Gier à Saint-Chamond

 

quartier_St_Pierre_et_Gier
quartier Saint-Pierre et "Vieux Moulin à Soye" au bord du Gier

 

_glise_St_Pierre_vue_du_Gier
le cours du Gier, aujourd'hui le boulevard Waldeck-Rousseau et le quai de la Rive


le_Gier___Saint_Chamond__post__1907_
le Gier, à Saint-Chamond

 


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2 décembre 2008

propriété Pinay - suite démolitions

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poursuite des travaux de démolition dans

l'ancienne propriété Pinay

 

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le mardi 2 décembre 2008, vers 14 h 15

 

Les travaux de démolition se poursuivent dans l'ancienne propriété Pinay.

 

destruction_abords_Pinay__2_d_c___2_
le mardi 2 décembre 2008, vers 14 h 15


destruction_abords_Pinay__2_d_c___3_
le mardi 2 décembre 2008, vers 14 h 15

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le mardi 2 décembre 2008, vers 14 h 15



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le mardi 2 décembre 2008, vers 14 h 15

destruction_abords_Pinay__2_d_c___6_
le mardi 2 décembre 2008, vers 14 h 15

 

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le mardi 2 décembre 2008, vers 14 h 15

 

destruction_abords_Pinay__2_d_c___8_
le mardi 2 décembre 2008, vers 14 h 15

 

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21 novembre 2008

propriété Pinay : travaux

Diapositive1



début des travaux de démolition dans

l'ancienne propriété Pinay


destruction_entr_e_parc_Pinay_1___21_nov
le vendredi 21 novembre 2008, vers 7 h 30 du matin


Route du Coin, les travaux de démolition ont commencé le 20 novembre 2008 dans l'ancienne propriété Pinay.


destruction_entr_e_parc_Pinay_2___21_nov
le portail est abattu et la maison de garde en passe de l'être


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les couleurs de fin de nuit donnent à ces travaux un côté sinistre



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9 juillet 2008

démographie saint-chamonaise

en_sortant_mairie_vers_rue_R_p_13_mai_2008



démographie saint-chamonaise



La population de la commune a été estimée à 35 500 habitants selon les enquêtes annuelles de recensement de 2004, de 2005, de 2006 et de 2007 effectuées chacune sur un échantillon annuel de 8 % de logement. Les hommes représentent 47% de cette population et les femmes 53%.

En 2005, la commune comptait 16 683 habitations, dont 15 198 résidences principales. Il y a environ 45% de propriétaires et 55% de locataires.

source INSEE



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1 juin 2008

Jean de la Rive, d'après M. Fournier

Diapositive1

 

les idées de Jean de la Rive

M. FOURNIER (1949) *

 

Qui ne connaît, à Saint-Chamond, ce vieux maître d'école qui, pendant près de quarante ans, a élevé des générations d'enfants et leur a versé, dans l'âme et dans le cerveau, ce qu'il avait en lui de plus précieux, un peu de science et beaucoup de bonté ?

Un élève était pour lui un fils. D'un coeur toujours ému, il le enfants_Saint_Chamond_avant_1911recevait des mains d'une mère, il l'adoptait aussitôt, lui souriait et, quand il l'avait apprivoisé, cherchait à découvrir le mystère de ses yeux innocents. Et, tout doucement, sans jamais l'abandonner, il l'inclinait vers l'effort, le bien, le devoir.

Mais pourquoi essayer de vous retracer ce que fut Jean de la Rive ? Interrogez ces anciens élèves devenus des hommes, des pères de famille, ils vous diront qui il était.

Il n'est plus à présent, qu'un long vieillard penché qui se promène, d'un pied mal assuré, le long des rues, contemplant une muraille qui fait surgir en lui les souvenirs du passé, suivant des yeux un jeune couple qu'enchante l'Amour, prenant plaisir aux jeux de bambins dépenaillés qui seront peut-être, un jour, des héros, abordant d'un mot amical des ancêtre qui, dans leurs rides, leurs mains décharnées, portent l'empreinte des dévouements, des sacrifices, des abandons, des peines, des misères, parmi lesquels ils ont vécu.

Il aurait pu, comme tant de ses collègues, cacher à ses élèves sa décrépitude, aller chercher, là-bas, les vastes horizons, baigner ses faibles yeux dans l'azur profond d'un soleil du Midi, entendre la musique des cigales et se laisser pénétrer par les parfums qui dévalent les côteaux brûlants de la plaine. À toutes les exhortations des siens, il ne sait que répondre :

- J'ai vécu là, dans cette petite ville déshéritée et j'y mourrai. N'est-ce donc rien, pour ceux qu'on a pétris en quelque sorte, modelés, que de vouloir partager jusqu'au bout leur humble sort ? Si je ne suis plus, à présent, qu'une ruine, eux savent quelle flamme brûlait jadis en moi ! Leur tourner le dos, les quitter, quand mes forces m'abandonnent, ce serait une lâcheté, une trahison ! On ne se donne pas deux fois. Je me suis donné à eux et leur reste fidèle. Qu'ils soient au moins comment finit un homme qui a accompli, de son mieux, une grande tâche et qui descend au tombeau simplement, en pardonnant à tous, même aux méchants qui ne savent pas ce qu'ils font. Ce sera ma dernière leçon, la meilleure...

Surtout, ne prenez pas Jean de la Rive pour un songe-creux, un chevaucheur de chimères, un de ces êtres veules qui tremblent devant les puissants, qui acceptent le mal et restent indifférents quand leur voisin est victime d'une injustice. S'il est, au fond, le plus tendre des hommes, il est aussi celui qui ne veut pas se laisser abuser par les discours, les attitudes, les théories des faux prophètes.

Lisant chaque jour une page des Essais de Montaigne, c'est sans flatterie qu'il se juge et juge les autres. Voir clair en lui et chercher à découvrir les mobiles secrets qui font agir ces annonciateurs d'un monde nouveau,074 prélude de l'âge d'or, où les êtres humains seront soumis à une administration despotique, entraînés dans un tourbillon infernal où la Machine sera l'idole, où l'âme, l'esprit, le coeur, le Ciel seront bannis, voilà ce qui parfois l'obsède et le tourmente, quand il se penche sur le livre des Destinées.

Comme il y a loin encore jusqu'à cette Cité future rêvée par Jaurès "habitable pour tous et réservant à tous la vision de la beauté et le repos de la félicité !".

Certes on pourrait, par une éducation bien entendue, assurer, diriger, hâter le progrès social, si on ne comptait ni avec les passions ni avec les intérêts, ni avec les vices.

Et Jean de la Rive s'interroge et se demande anxieux :

- Que deviendront la liberté humaine et les valeurs spirituelles dans ce monstrueux organisme qui s'élabore dans l'ombre et qui menace l'univers entier ? Tant de siècles de civilisation vont-ils aboutir à cet État-Providence qu'on nous fait entrevoir, livré à des scribes anonymes, sans visages, sans entrailles, jetant ou reprenant d'une main indifférente les signes trompeurs de la richesse ?

Ah ! s'il pouvait dire à ces novateurs astucieux qui aiment volontiers à s'envelopper de voiles et de mystère :

- Vous voulez sincèrement le bonheur de l'enfant qui vient de naître, imitez femmes_de_Provencedonc les vieilles femmes de Provence qui présentaient autrefois à la jeune mère, en guise de présent, une couple d'oeufs, un quignon de pain, un grain de sel et une allumette, et elles ajoutaient à leur don cette formule : "Mignon, sois plein comme un oeuf, sois bon comme le pain, sois sage comme le sel, sois droit comme une allumette".

Fort et courageux dans la conquête des biens terrestres, bon, sage, droit et fier, comme il convient à un homme libre, n'est-ce pas le modèle qu'il s'ets proposé jadis, lui, Jean de la Rive, dans son oeuvre d'éducation nationale ?

Les épreuves, hélas ! ne manqueront pas, plus tard à ces enfants, dans l'exercice de leur métier d'hommes, il ne le sait que trop ! mais du moins, en les quittant, au seuil de l'adolescence, il leur avait laissé un viatique : il les avait voués pour toujours à la patrie, à l'honneur, au devoir.

Que ne pouvez-vous apercevoir tout ce qui fermente, bouillonne dans ce vieux coeur usé qui a conservé pour ce qui, dans la vie, est vrai, généreux et noble, une extraordinaire fraîcheur !

Homme de foi profonde, c'est avec tristesse qu'il voit le culte s'égarer dans la pratique de saints, plus ou moins authentiques, qui finiront par ternir, obscurcir, effacer la grande figure du Christ.

Sans jamais être sectaire, il compta parmi les troupes d'avant-garde et se détourna de la politique militante, quand il vit les partis s'y heurter pour la conquête des places, des prébendes, des honneurs et l'assouvissement de leurs basses rancunes.

Le sport lui sourit, jusqu'au jour où il vit les foules se précipiter dans les stades, pour applaudir des champions que les clubs achètent, revendent, se disputent, se repassent, comme des poulains au champ de foire.

football_cpa_non_identifi_e__pas_Saint_Chamond_

À ces vains jeux du cirque, qui rappellent les plus mauvais jours de l'Empire romain, il oppose la méthode suédoise, moins spectaculaire, accessible à tous, et qui aurait pu sauver notre race d'une lente mais certain déchéance.

Que de bien pourrait faire le journal dans une démocratie, s'il était libre, indépendant, rédigé par d'honnêtes écrivains, moins soucieux de flatter les passions de leurs lecteurs que de les instruire ! Hélas ! tous portent la cocarde de leurs maîtres, battent pour eux du tambour, devant les urnes. Qui dispose de la presse, dispose des suffrages. le succès couvre tout. La loi du nombre est souveraine...

Il avait mis dans le cinéma bien des espoirs qui ont été déçus. Cette belle découverte française devait, selon lui, propager les chefs d'oeuvre, étaler, sous les yeux, le vrai visage du monde, nous faire participer à la vie de l'ouvrier dans son usine, aux travaux de la ferme, aux secrets des laboratoires, rendre sensible tout ce qu'il y a de poésie dans la nature. Ce n'est plus aujourd'hui qu'un spectacle grossier et de mauvais goût, d'où l'art a disparu.BranlyLab05

Que n'a-t-on fait de la radio, cette bouche aux résonances infinies que le Français Branly [ci-contre] et l'Italien Marconi ont donnée au monde ? Quand les plus belles voix, les plus sages, les plus représentatives devraient se faire entendre par elle, ce ne sont, le plus souvent, que propos de turlupins, musiques nègres, arlequinades, vains bruits de foules en délire. Cependant l'humanité inquiète, si longtemps martyrisée, attend toujours la parole insigne qui, portée par les ondes, dissipera les haines, rassurera les esprits, fera tomber des mains des violents les armes criminelles.

L'école qu'il a tant aimée, qu'il a défendue contre le fanatisme, qu'il a voulu soustraire à l'emprise des idéologies malsaines, des factions partisanes, pour en faire une sorte de temple vénéré de tous, où des âmes d'enfants pouvaient s'épanouir librement, dans une atmosphère sereine, épurée, n'a-t-il pas vu, lui, Jean de la Rive, quelques-uns de ses jeunes maîtres la quitter cette maison de l'amitié, et lui préférer le tumulte et les criailleries du Forum ! Les malheureux ! N'ont-ils donc pas senti, au fond d'eux-mêmes, combien la mission de l'éducateur l'emportait sur le métier d'histrion, de batteur d'estrade ?

Lui, le grammairien, le lexicographe, en est venu à maudire les mots qui se font les complices du mensonge. Arrêté devant une affiche de propagande, il parcourt des yeux cette phraséologie pitoyable, qui cache sa perfidie sous un débordement d'épithètes barbares, toutes gonflées de venin. Il s'éloigne en haussant les épaules. La vérité ne s'exprime pas ainsi, remarque-t-il, et n'a pas besoin de s'affubler de ces oripeaux pour nous convaincre. Faut-il que ces démagogues, ces trublions, ces sinistres fantoches le méprisent, le peuple, pour essayer de le piper avec de si grossiers artifices !

- Quel pessimisme, ce Jean de la Rive, ne manquerez-vous pas de dire, mais ce malheureux voit tout en noir ! Avec de telles dispositions, combine triste doit être sa compagnie !

rue_Victor_Hugo_coloris_e
la rue Victor Hugo à Saint-Chamond avant 1907

Détrompez-vous ! Ce censeur bénévole est resté affable, accueillant, doux, sensible à la beauté. Il a vécu, entre l'ironie et la pitié, avec une âme bienveillante, ne se laissant pas entamer par le doute, malgré tant d'expériences désastreuses, conservant une foi invétérée dans les destinées de son pays et le triomphe de la démocratie. Il voudrait que la République n'eût qu'un mot pour devise : Fraternité ! Ah ! l'heureux jour, où chacun se tenant par la main, toutes classes confondues, il verrait le Peuple, débarrassé enfin de ses mauvais bergers, ayant retrouvé les vertus d'autrefois, s'acheminer, vers la Lumière, sous la conduite des élites, en clamant aux échos sa joie de vivre !

 

M. Fournier, Tableaux de la vie saint-chamonaise, 1949, p. 9-14

 

 

 

* les propos de cet auteur n'engagent que lui, bien sûr...

tableaux_vie_saint_chamonaise_1949_couv

 

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30 mai 2008

ouvriers de Saint-Chamond au XIXe siècle (Elinor Accampo)

usine_de_Tresses_Saint_Chamond
Saint-Chamond, devant l'usine de Tresse, avant 1914



Entre la classe sociale et la cité :

identité et intégration chez les ouvriers

de Saint-Chamond, 1815-1880

Elinor ACCAMPO (1982)



résumé
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, un important prolétariat industriel naît à Saint-Chamond du textile et de la métallurgie lourde. L'absence de tout mouvement ouvrier dans la ville est d'autant plus remarquable qu'il se développe dans les cités voisines et à partir des mêmes secteurs. Cet article suggère que cette absence de conscience collective tient en partie à ce que la géographie sociale entraînée par le développement industriel n'a pas provoqué de ségrégation de l'habitat ouvrier susceptible d'aider à un sentiment d'identité et à un sens de la communauté propres aux travailleurs. Au contraire, ceux-ci ont été bien intégrés dans une ville qui se distinguait déjà par la force de l'influence qu'y exerçait un patriciat commercial ancien et dévot. Appuyé sur la reconstitution des familles et l'utilisation des actes de naissance, de mariage et de décès, il voudrait montrer ce qu'on peut tirer de l'état civil pour une étude des sociabilités.


article
En 1927, un journaliste local, Stéphane Bertholon, publiait une série d'articles sur sa ville natale, Saint-Chamond. Il avait été amené à les écrire par le désir de conserver quelque chose du passé dans une période de bouleversements. Les années 1870, pensait-il, avaient marqué un virage dans l'histoire de sa ville. Le conseil municipal cessa alors de se recruter parmi les seuls notables, "triés sur le volet" ; il passa au contraire sous la domination d'hommes nouveaux à Saint-Chamond et dont les ambitions étaient "plus politiques que pratiques". Cette mutation au niveau des élites dirigeantes traduisait un changement plus profond, bien antérieur aux années 1870, et dont Bertholon avaient une conscience très claire : "la grande usine métallurgique, amenant à notre ville une quantité d'étrangers qui s'y fixèrent et y prirent droit de cité submergeant les gens du pays et leur imposant, grâce à la politique, des municipalités que n'animait pas, comme précédemment, l'amour de l'intérêt de la ville... Et à cause de cette invasion étrangère, la race des bons vieux Saint-Chamonais d'antan tend à se perdre de plus en plus" (1).

Il réagissait ainsi à un phénomène de plus ne plus fréquent dans nombre de villes du XIXe siècle : l'afflux "d'étrangers" venus aussi bien d'une commune voisine que d'un pays étranger pour participer à la constitution de cette nouvelle classe proliférante qui, par son déracinement, menaçait automatiquement l'ordre bourgeois des petites cités marchandes. À maints égards, on peut voir en Saint-Chamond l'exemple classique d'une ville transformée par les métamorphoses multiples, technologiques, économiques et sociales, typiques de l'industrialisation. Jusqu'aux années 1840, les plus importantes de ses industries étaient la clouterie, la rubannerie, le moulinage et la passementerie. C'étaient des activités domestiques, familiales, organisées sur la base du système de la sous-traitance, le secteur soyeux prenant des... (à suivre)

Elinor Accampo (trad. Claire Auzias)


(1) - Stéphane Bertholon, Histoire de Saint-Chamond, notes et souvenirs d'un vieux Couramiaud, Saint-Étienne, 1927, p. 145. Histoires_Saint_Chamond_Bertholon_couv


- article paru la revue Le Mouvement Social, n° 118, janvier-mars 1982, p. 39-59

- achat de cet article en ligne (site américain)


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Elinor Accampo




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28 mai 2008

évocation du souvenir de personnalités locales (1949)

jardin_public_Saint_Chamond
le jardin public à Saint-Chamond


les serviteurs de la cité

M. FOURNIER (1949)


Assis sur un banc du Jardin public, Jean de la Rive aimait à s'entretenir avec Jean Callet, un bon bourgeois de quatre-vingt-dix ans, dont la verdeur, la mémoire fidèle, la connaissance du passé, l'émerveillaient toujours.
- Ah ! lui disait-il souvent, quel dommage que tant de souvenirs précieux soient10448545_p perdus pour la génération présente ! Les êtres collectifs, les peuples, comme le prétendait Balzac, sont hélas ! sans mémoire. Ces jeunes filles qui passent au pied du monument Carnot, ces ouvriers qui se hâtent à l'appel des sirènes, que savent-ils de leur ville ? Rien ou presque rien !

Ils auront vécu, au milieu de murs anonymes, retenant à peine le nom de quelques rues, lu les faits divers de leur journal, voté sans enthousiasme pour des inconnus qui sollicitent leurs suffrages, sans même s'enquérir si ces gens-là ont un métier, une famille, d'honnêtes ressources et s'ils réunissent les qualités intellectuelles et morales pour la tâche qui les attend. Et l'on s'étonne que tant d'incapables, de profiteurs avides, de menteurs effrontés, de braillards vilipendeurs, arborant à leur chapeau la cocarde d'un parti, montent à l'assaut du pouvoir, exigent places, prébendes, faveurs, pour eux et leur clientèle, et finalement déshonorent le régime !

À quoi Jean Callet répliquait, avec un éclair dans ses yeux malicieux.
- Lequel de nos concitoyens pense encore à Briand [ci-contre] qui, débarqué chez nous en chapeau haut de forme,Phototh_que___2746 redingote et cravate ample a, au début de sa carrière, fait retentir les murs de la Salle des Conférences de sa voix sourde et magnifique ? Un révolutionnaire, vaguement anarchiste, qui a bientôt évolué et s'est fait, par la suite, comme ministre, le défenseur de l'ordre et, sur le plan diplomatique, l'apôtre de la paix universelle ! C'était, au demeurant, un bohème peu cultivé, que dupa facilement Stressmann, mais qui avait reçu du Ciel ou peut-être de l'enfer, le don de galvaniser les foules. Jamais je n'oublierai, pour ma part, cette espèce de fascination qui s'emparait de ses auditeurs, quand ils fixaient ce masque de tribun, dont la pâleur tragique ressortait entre une énorme moustache et une débordante chevelure d'ébène. De ce qu'il avait dit, il ne restait rien ou peu de choses dans l'esprit, mais durable était l'impression que le son de sa voix passionnée avait laissée en vous.

- Et il s'en est allé, continuait Jean de la Rive, sans une pensée pour la ville qui était à l'origine de sa fortune, laissant à des héritiers inconnus des millions inutiles, croyant avoir abattu le spectre de la guerre, lequel depuis est apparu plus effrayant que jamais et - chose presque incroyable  ! - à demi réconcilié avec l'Église, qu'il avait pourtant contribué à séparer d'avec l'État. Du passage de ce météore, à travers notre ciel charbonneux, qu'est-il resté ? Une pincée de cendre que dispersa bientôt le vent !


ces providences humaines...

De sa petite voix grasseyante, Jean Callet poursuivait :

- Les Dugas-Montbel [ci-contre], les Ennemond Richard, les Germain Morel, les Jules Duclos, tous sortis du peuple,Dugas_Montbel_buste quels exemples à mettre en parallèle avec tout ce petit monde d'intrigants, de bavards et d'inutiles !

Le premier, né en 1776, grand helléniste, qui fut député sous Charles X, et protesta contre les Ordonnances, enseigne la prévoyance aux humbles, soustrait leurs économies aux griffes des filous, en fondant, en 1834, une des premières Caisses d'épargne de France, la nôtre, et laisse à sa ville une bibliothèque d'une valeur inestimable.

"Par ses métiers perfectionnés, dont il avait trouvé le prototype chez un marchand de bric-à-brac, à Paris, Ennemond Richard donna un prodigieux essor à l'industrie toute nouvelle du lacet, qui fait vivre aujourd'hui des milliers d'ouvrières.

Germain Morel, né en 1820, fils d'un modeste forgeron, ouvrier lui-même, devenu ingénieur, invente les bandages sans soudure pour les roues des wagons. Confiant dans son génie, il jette, avec les Petin-Gaudet, les fondements des Aciéries de la Marine, tandis que le moulinier Jules Duclos, mal soutenu par son Conseil, d'effraye l'ampleur de ses projets, fait édifier, sur les plans de M. de Montgolfier, la grande muraille qui retiendra les eaux du Ban.

place_Germain_Morel
place Germain Morel à Saint-Chamond, avant 1905

Ceux-là étaient des hommes, dans toute la beauté du terme ! Probes, loyaux, désintéressés, gens d'honneur, luttant avec une rare énergie pour la défense des intérêts de leurs concitoyens, qu'ils confondaient avec les leurs.

Si Dugas-Montbel, cet ami de Ballanche, d'Ampère, est mort, en 1834, dans la sérénité d'un sage ami des Muses, les épreuves n'ont pas manqué aux autres. Il a fallu à Ennemond Richard vaincre certaines résistances de ses confrères, triompher de la routine, pour faire accepter ses métiers, dont le grand avantage est de se prêter aux fabrications les plus variées.

Dépouillé du fruit de son invention, à demi ruiné par des maîtres de forges rivaux, qui avaient été ses associés, Germain Morel a eu l'amertume de voir le nom des Petin-Gaudet substitué au sien, au fronton de l'usine qu'il avait fondée, au Pré-Château. De désespoir, le 2 septembre 1852, il s'est fracassé la tête en se jetant dans la rue, du haut de son balcon. Il avait 33 ans !mur_du_barrage_de_la_Rive

Abandonné de tous, risquant sa popularité, pour la fabrication de sa grande idée, Jules Duclos vint, chaque jour, de 1866 à 1870, inspecter les travaux du barrage de la Valla. Ce n'est que, quand l'oeuvre fut achevée, qu'il commença à dormir tranquille. [ci-contre : mur du barrage de la Rive, en hiver - source]

Soyons reconnaissants à ces providences humaines qui, pour notre bonheur, se manifestent parfois au sein de la cité."

Et Jean de la Rive de conclure, dans un geste désolé :

- Des noms, de simples noms, sur une plaque d'émail, au coin des rues, voilà ce que lisent, de leurs yeux distraits, nos jeunes d'à-présent. Que n'apprennent-ils aussi à connaître les vertus de ceux qui, par-delà le tombeau ont préparé leur avenir !

M. Fournier, Tableaux de la vie saint-chamonaise, 1949, p. 29-32


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