Existe-t-il, à Saint-Chamond,
une rue Antoine de Jussieu ?
Existe-t-il, à Saint-Chamond, une rue Antoine de Jussieu (Lyon, 1686-Paris, 1758) ? C’est en effet dans ta ville qu’en 1718 il a décrit des fougères fossiles qui ont été découvertes dans le bassin houiller de Saint-Étienne.
Dans une lettre capitale rédigée à Saint-Chamond, il constate que «ces plantes inconnues en Europe ne peuvent venir que des pays chauds». Ce qui suppose des changements climatiques anciens et successifs.
Antoine de Jussieu imagine dans son texte des «écroulements épouvantables» de montagnes et le rejet par la mer de ces végétaux exotiques «fort avant dans nos terres» (des envahissements marins jusqu’au pied du Massif Central).
[G. M. : je suppose que cette lette a été envoyée à l’Académie des Sciences. À vérifier si possible]
En tout cas, son étude descriptive et analytique susciste un grand intérêt au point que Fontenelle (1657-1757) la commente en parlant de «révolutions prodigieuses et subites dont nous ne voyons pas plus d’exemples».
Rappelons que Fontenelle, philosophe, littérateur et historien des sciences, appartenait à l’Académie française (1691) et à celle des sciences (1697), que ses éloges et préfaces, son alliance de la littérature et des sciences, sa foi dans le progrès ainsi que son irrévérence subtile envers la théologie en font un grand précurseur des Lumières du XVIIIe siècle, admiré de tous les grands esprits, spécialement de Voltaire.
Cuvier reprit l’idée de Révolution du globe. Certes, le scénario apocalyptique imaginé par Jussieu est encore loin de la paléobotanique et de la biostratigraphie. Il fallut presque deux siècles pour être sûr qu’un climat de type tropical régnait sur la région et que de brutales inondations résultant de crues violentes des rivières venaient périodiquement ensevelir les forêts denses. Les accumulations végétales enfouies allaient se transformer en veines de charbon.
Les régions de vallées intramontagneuses constituant des bassins limniques tels celui de Saint-Étienne.
Mais c’est bien à Saint-Chamond, en 1708, que ce savoir a débuté car Jussieu avait bien compris la signification climatique de ces végétaux fossiles sans entrevoir encore l’histoire des conditions géographiques.
Tout cela est exposé dans : Mireille Gayet et Babin, Histoire pittoresque de la paléontologie, Ellipses, 2022, p. 462-463.
* Au départ, il y a trois frères de Jussieu, nés à Lyon, tous botanistes : Antoie (1686-1758), Bernard (1699-1777), Joseph (1704-1779), tous trois appelés à Paris au Jardin du Roi.
Deux enfants poursuivirent les recherches au Muséum d’histoire naturelle créé après 1789 : Adrien (1797)1854) et, surtout, Antoine-Laurent (1748-1836), le plus innovateur.
Gérard MOLINA, agrégé de philosophie
lettre adressée à :
Michel RENARD, transcription, mise en page et illustrations
Antoine de Jussieu (1686-1758)
- source des deux illustrations : La Flore fossile du bassin houiller de Saint-Étienne, Mémoires du Muséum d'histoire naturelle, 1995, p. 36 et 36 [en ligne]
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