Monument aux morts et stèles individuelles
le monument aux morts du cimetière
de Saint-Chamond
Michel RENARD
1) l'édifice et la statue
vue d'ensemble (2012)
une immense stèle portant une croix chrétienne et statue d'une France casquée et armée (2012)
une oeuvre réalisée par Louis Prost, 1876-1945 (photo 10 avril 2014)
l'allégorie du France combattante, apaisée mais vigilante, rentrant l'épée dans son fourreau...
ou prête à la sortir à nouveau en cas de danger (photo 10 avril 2014)
un symbole de puissance (photo 10 avril 2014)
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2) les plaques portant les listes de morts pour la France
monument aux morts, partie inférieure (2012)
plaque nominative des morts en Indochine (1947-1954)
plaque nominative des combattants 1939-1940
plaque nominative des décédés en A.F.N.
plaque nominative des résistants combattants
volontaires et des S.T.O.
plaque nominative des décédés de 1914-1918 (1)
plaque nominative des décédés de 1914-1918 (2)
plaque nominative des décédés de 1914-1918 (3)
Le nombre de stèles individuelles ne correspond pas au nombre, beaucoup plus élévé des victimes dont les noms sont gravés sur les faces de l'édifice.
On relève un total de 51 stèles individuelles parmi lesquelles :
- 38 pour 1914-1919
- 2 pour le Maroc (1912-1925)
- 6 pour 1939-1945
- 3 pour l'Indochine (1947-1954)
- 1 pour l'AFN
- 1 "inconnu"
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3) les stèles individuelles des "Morts pour la France", entretenues par
le Souvenir Français
(cliquez sur les images pour les agrandir)
face au momunement le côté droit de l'espace circulaire des sépultures (2012)
face au momunement le côté gauche de l'espace circulaire des sépultures (2012)
GOY Jean, mort à Saïgon (Indochine) le 8 janvier 1949
(voir commentaire plus bas)
PESSELIER Maurice, mort à Saïgon (Indochine) le 26 février 1946
fiche dans Mémoire des hommes
RÉVILLON Charles, mort le 25 janvier 1945
VIALLON Jean Baptiste, mort à Poitiers, 16 juin 1940
PERBET Pierre Jean, mort à Dury, 5 juin 1940
fiche dans Mémoire des hommes
AUBERT Louis Jean Baptiste, mort à Wiener-Neustadt, 13 août 1943
VIRIEUX Pierre Marie, mort à Villers, 18 août 1914
METZGER Joseph, mort Prisonnier de Guerre Alsacien-Lorrain, 5 décembre 1918
BERDOU Jean Marie, mort le 26 avril 1915
LETOURNEL Alexandre, mort le 14 juillet 1918
JOUASSARD Joseph, mort à Etroeung, le 8 novembre 1918
TERRASSON Clément, mort à Vadelaincourt le 14 mars 1916
EXBRAYAT Claude, mort à Vadelaincourt le 10 octobre 1918
GIRAUDET Étienne, mort à Jaulgonne, le 4 août 1918
OUILLON Jean Marie, mort à Prouilly, le 2 mai 1917
PORTE Marius, mort à Servon, le 16 décembre 1914
FAYOLLE François, mort à Mesnl-les-Hurlus, le 23 octobre 1917
PUISSOCHET Claudius, mort à Villers-Daucourt, le 15 octobre 1918
JOUGLARD Joseph, mort à Craonne, le 24 juillet 1917
LARDERET Antoine, mort à Talma, le 17 octobre 1918
GALLOT Pierre, mort à Courchamp, le 19 juillet 1918
GINOT Petrus, mort à Ammerswiller, le 26 mars 1916
GRANGIER Antoine, mort à Fraize, le 12 février 1918
PITAVAL Claudius, mort à Vailly, 20 juillet 1917
DESJOINT Jean Pierre, mort à Épernay, le 20 octobre 1915
NANTAS Joannès, mort à Douilly, le 6 septembre 1917
MIALARET Louis, mort à Binarville, le 2 octobre 1918
RÉVILLON Gustave, mort à Gomont, le 25 octobre 1918
BEUCHOT Jean, mort à Richebourg, le 22 octobre 1914
CHORLIOT Paul, mort le 15 février 1919
LAGRANGE Pierre, mort au "Chemin des Dames", le 5 août 1918
CHARGUELON Antoine, mort aux Islettes, le 22 mai 1915
CALLET Louis, mort à Bruyères, le 27 août 1914
PASSOT Jean, mort le 27 février 1919
PERRIER Louis, mort à Louvry, le 30 octobre 1918
PATURAL Jean Marie, mort le 8 septembre 1917
RELAVE Antoine, mort à Hardancourt, le 30 août 1914
TERRAT Benoît, mort à Eliverdinghe (et non "Eliverdnighe"), le 28 avril 1915
DUSSON Pierre, mort à Perthes-les-Hurlus, le 16 février 1915
BOULE Joannès, mort à Froidmont, le 11 juillet 1917
FILLON Pierre, mort à Amiens, le 17 février 1917
PAULIN Eugène, mort le 14 décembre 1918
GARNIER Élie, mort le 9 octobre 1917
MONTMAIN Antoine, mort au Maroc, le 8 octobre 1912
DUMAS Édouard, mort au Maroc, le 25 décembre 1925
DOMINIQUE Paul, Prisonnier de Guerre, mort à Ludwigsbourg, 7 septembre 1917
COUREL Lionel, mort à Marbache, le 25 avril 1945
SAUVIGNET Marius, mort à Augsbourg, le 23 février 1944
recruté dans le cadre du STO (Service du Travail obligatoire)
LASSUDRIE François Louis, mort à Gia-Lam (Tonkin), 14 septembre 1951
DUBIEN René, mort en Algérie (27 mai 1939 - 18 février 1962)
"À nous le souvenir, à eux l'immortalité"
photos : © Michel Renard
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5) histoire du monument (en cours)
la recension des noms de soldats "morts pour la France"
une affiche municipale du 28 mars 1923 appelle les familles des soldats "morts pour la France" à
vérifier les indications devant figurer sur le monument aux morts avant l'arrêt définitif de la liste le 7 avril 1923
la souscription publique
l'inauguration du 11 novembre 1923
monument aux morts de Saint-Chamond, fin des années 1920
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6) un mort oublié de 1914-1918 : Julien Bonaventure MOINE
Message de Roger Moine, en date du 8 mars 2014
"Je ne comprends pas pourquoi ne figure pas sur la liste des morts de ce monument :
MOINE Bonaventure Julien sergent 357 RI mort pour la France le 9 mai 1915 à METZERAL (Alsace) né le 22 novembre 1885 à Saint - Chamond
Genre de mort : tué à l'ennemi. Jugement rendu le 27 janvier 1921 par le tribunal de Saint-Étienne, transcrit le 4 avril 1921 à Saint-Étienne.
Je souhaiterais que cette omission, si elle est confirmée, soit réparée.
À noter que cette indication existe sur la tombe MOINE du même cimetière.
Cette personne est mon oncle.
Merci d'avance de votre réponse."
Réponse
Votre requête est légitime. Mais vous ne l'adressez pas au bon interlocuteur, ce blog n'étant que le résultat du travail d'un chercheur. Il faudrait saisir les services de la Mairie.
Vous avez d'autant plus raison qu'il existe - consultable aux archives municipales - une liste imprimée des "Enfants de Saint-Chamond morts pour la France", signée par le maire de l'époque, François Delay, en date du 28 mars 1923. Cette liste comprend effectivement le nom de Julien MOINE.
liste des "Enfants de Saint-Chamond morts pour la France" datant de 1923
(archivers municipales)
Par ailleurs, je suis allé repérer la tombe familiale au cimetière de Saint-Chamond, ce matin. Elle est en bon état et le nom de Julien Moine y est bien gravé. Comme d'autres, il est précédé de la mention "à la mémoire de", signifiant que le défunt n'est pas inhumé ici mais que son souvenir est attaché à la sépulture familiale.
Ce qui ne change rien au fait que le nom de Julien Moine devrait être gravé dans le marbre de la plaque apposée sur le monument aux morts de la commune. L'espace est disponible au bas de la dernière plaque des décédés de 1914-1918.
tombe de la famille MOINE dans le cimetière de Saint-Chamond (photo du 9 mars 2014)
stèle où figure le nom de Julien MOINE, mort pour la France le 5 mai 1915
(photo du 9 mars 2014)
Enfin, quelques recherches sur la destinée militaire du sergent Julien Bonaventure Moine apportent les renseignements suivants.
Son nom ne figure pas dans la liste des pertes de son régiment, qu'il s'agisse du 357e comme indiqué sur la fiche "mort pour la France", ou du 157e comme écrit sur sa fiche matricule.
fiche matricule de Julien Bonaventure Moine (1885-1915) - arch. départ. Loire
Cependant sa fiche matricule précise qu'il a disparu au combat du 5 mai 1915 à Sillackerwasen (département du Haut-Rhin) sur la cote 830. Et c'est bien le 357e Régiment d'Infanterie qui a participé à ces affrontements très meurtriers. L'Historique de cette unité fait le récit suivant :
"Le 4 mai parvient au 5e Bataillon l'ordre d'attaquer la cote 830 dès que la préparation d'artillerie aura été suffisante, mais une brume épaisse gêne le tir. Le 5 mai à 10 heures, le commandant de Cambry blessé est remplacé à la tête du 5e Bataillon par le capitaine Granjon. À 14 h 50, le 5e Bataillon attaque avec un brio remarquable et occupe le premier objectif, mais les pertes en officiers ont été sérieuses. Seul un officier parvient dans les tranchées allemandes avec un effectif très réduit. Des mitrailleuses non repérées enfilent les tranchées occupées et les vident de leurs défenseurs, qui doivent se replier un peu en arrière, tout en conservant une grande partie du terrain conquis.
Cinq officiers sont tombés en outre du chef de Bataillon ; le capitaine de Sampigny en entraînant magnifiquement sa Compagnie à l'assaut ; le capitaine Vignon en arrivant au réseau allemand ; le lieutenant Rouard blessé ; les lieutenants Baudet et Lamy disparus ; 256 hommes de troupe ont été mis hors de combat, tués, blessés ou disparus."
carte postale ancienne colorisée de Metzeral : on voit, en haut à droite, les sommets du Sillackerwasen
Du côté des témoignages allemands, une histoire du 19e Régiment Royal bavarois d'infanterie de réserve évoque cet épisode en ces termes :
"Seuls provoquèrent une grande agitation les combats qui se déroulaient dans le secteur ouest du RJR 18 sur la hauteur 830 entre Steinabrück et Sillackerwasen et au sud du Anlasswasen, qui eurent comme conséquence immédiate la perte du Schnepfenriedkopf, du Burgköpfle et Herrenberg au nord et au sud-ouest de l’Eselsbrücke dans la haute vallée de la grande Fecht.
Ce jour-là, après un calme de quinze jours, se déclencha à 11 h. du matin un violent feu d’artillerie continu venant des Tännle et Altmattkopf en direction de Sillackerwasen, auquel s’ajoutèrent également en direction de nos positions, à partir de 1 h. de l’après-midi, des tirs d’infanterie nourris depuis le Sattelkpof, Klitzerstein et Altmattkopf.
À 3 h. de l’après-midi le bombardement du Schnepfenriedkopf se transforma en feu roulant et les cœurs de tous les spectateurs se serrèrent en apercevant – ce qui était nettement visible depuis la vallée – les obus qui coup sur coup en s’abattant sur le sommet blanc de neige le noircirent en quelques minutes et ce qui restait du poste de guet des chasseurs de Colmar engagé à cet endroit, terré superficiellement dans la neige, dévaler vers le Anlasswasen suivis de petites troupes de français."
Ce qu'à l'époque on désignait comme la "cote 830" est notée cote 837 sur la carte IGN actuelle.
sur la carte IGN, le point coté 837 correspond à la "cote 830" des récits de 1915
photo du bombardement de Metzeral, mai 1915 (source)
photo allemande de la cote 830 "sous le feu de l'artillerie ennemie" (source)
Michel Renard
professeur d'histoire
9 mars 2014
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7) commentaire sur la stèle de Jean GOY
L'une des stèles, placée à l'une des extrémités d'un des deux arcs de cercle qui entourent l'édifice, porte le nom de Jean GOY et l'inscription : "Mort à Saïgon, Indochine, 8 janvier 1949".
Intrigué par l'homonymie avec l'une de mes collègues au lycée Claude Lebois de Saint-Chamond, j'ai entamé quelques investigations pour en savoir plus.
J'ai interrogé le formidable site qui s'appelle "Mémoire des hommes" édité par les services historiques de l'Armée française. Il propose, sous forme numérisée, les listes de soldats "Morts pour la France" avec de nombreux renseignements individuels.
En cliquant sur "Guerre d'Indochine", on lit la présentation suivante : "La base de données des "Morts pour la France" au cours de la Guerre d’Indochine (1945-1954) a été constituée par la saisie et l’indexation d’un fichier établi par le ministère des Anciens combattants au lendemain de ce conflit".
On clique ensuite sur "formulaire de recherche" et on y inscrit le nom et le prénom Goy Jean. On clique à nouveau sur "lancer la recherche" et on obtient le résultat suivant. On apprend que Jean Goy est né le 5 décembre 1927 et qu'il est donc décédé à l'âge de 21 ans, à quelques jours de l'anniversaire de ses 22 ans...!
Finalement, en cliquant sur son nom, s'ouvre une fiche nominative plus détaillée qui nous apprend qu'il était né à Saint-Chamond (Loire), que son matricule était le 772, qu'il était soldat de 2e classe appartenant au 22e Régiment d'Infanterie coloniale. Il est mort des suites de ses blessures à l'hôpital Costes à Saïgon (Cholon).
Je souhaiterais retrouver une image de cet hôpital. Mais pour l'instant mes recherches sont restées vaines.
Une stèle individuelle, portant seulement un nom, un lieu et une date de décès, peut donc être le point de départ d'une recherche pédagogique donnant plus de "chair" à l'individu disparu et des renseignements historiques plus amples.
Un travail pédagogique peut être effectué avec des élèves de 1ère ou de Terminale pour relever les différents conflits au cours desquels sont morts ces hommes souvent jeunes et les circonstances historiques dans lesquelles ils se sont déroulés.
Michel Renard
professeur d'histoire
un soldat en couple à Saïgon en 1949
(ce n'est pas Jean Goy)
un soldat du 22e Rgiment d'Infanterie coloniale en Indochine
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sources
Archives municipales de Saint-Chamond
bibliographie
Monique Luirard, La France et ses morts. Les monumenrs commémoratifs dans la Loire, éd. université de Saint-Étienne, 1977.