Antoine Pinay, jeune adolescent, élève à l'école Sainte-Marie de Saint-Chamond
une carte de l'élève Antoine Pinay
à son ami (cousin ?) Jean Pinay,
le 16 avril 1905 (inédit)
recto de la carte : Antoine Pinay écrit le 16 avril 1905 à son ami (cousin ?) Jean ;
la carte représente une partie des bâtiments du collège Sainte-Marie à Saint-Chamond
verso de la carte : elle est adressée à Étienne Pinay, le père de Jean,
domicilié à Saint-Symphorien-sur-Coise
On ne dispose guère de témoignages ni de sources écrites sur l'enfance d'Antoine Pinay. Sa biographie se concentre, habituellement, sur sa longue carrière politique.
Exceptionnellement, j'ai retrouvé une carte postale adressée à son ami (cousin ?) Jean Pinay par Antoine Pinay en date du 16 avril 1905.
Il est alors élève, en classe des "moyens" au collège Sainte-Marie à Saint-Chamond. Les parents d'Antoine, Claude (1852-1919) et Marie Antoinette (1861-1936) résident à Saint-Symphorien-sur-Coise, dans le Rhône, où le père dirige sa fabrique de chapeaux avec ses cent cinquante ouvriers.
La question est de savoir qui est ce Jean Pinay, fils d'Étienne Pinay, domiciliés également à Saint-Symphorien-suur-Coise, boulevard Étienne Blanchon. En 1901, Étienne, le père, a 40 ans, son fils Jean 7 ans, sa fille Marie 4 ans. Existe-t-il un lien de parenté entre les deux familles ? Peut-être.
Voici le texte.
- "Saint-Chamond, le 16/4/05.
Cher Jean,
Te voilà déjà en vacance tandis que moi encore huit jours. Nous aurons à peine une semaine à passer ensemble car tu rentre [sic] bien le 1er mai. Nous aurons tout de même le temps de nous amuser ensemble et de faire de la byciclette [sic]. il y aura 6 mois que Pierre et moi n'en auront [sic] pas fait, car je crois que tu en as fait au jour de l'an. Voilà l'entrée de la maison ou [sic] (je) suis en ce moment. Dans quelques jours je t'enverrai le reste de la maison ou [sic] une partie du reste car on ne la voit pas toute. Ou [sic] j'ai mis des croix, c'est le dortoir des petits ou [sic] je couchais l'année dernière ; et ou [sic] j'ai mis un trait, c'est l'étude des petits. En face de ce dortoir, il y a celui des moyens et l'étude des moyens où je suis cette année. Je te quitte car le papier me manque. Embrasse Rebelle et Maurice de ma part ; beaucoup de choses à tes parents. Je t'embrasse bien fort.
Antoine Pinay"
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La carte est adressée à Étienne Pinay avec la mention "Pour M. Jean". Le cachet indique la date du 17 avril, et l'année semble être "15", ce qui serait une erreur.
À cette date, Antoine Pinay a un peu plus de quatorze ans. On dit qu'il est entré à Sainte-Marie en 1902. Il aurait alors effectué deux années de "Petits" : 1902-1903 et 1903-1904. En 1905, il suivrait sa première année en "Moyens". À vérifier.
Michel Renard
professeur d'histoire
lycée de Saint-Chamond
la "division des Moyens" à Sainte-Marie,
selon le romancier Gabriel Chevallier (1937)
Les élèves du collège étaient répartis en trois divisions : les Petits, les Moyens et les Grands.
Chaque division, placée sous l’autorité d’un Préfet et d’un surveillant, avait sa salle d’étude, son réfectoire, son dortoir, sa cour de récréation et ses bancs à la chapelle. Les divisions ne devaient communiquer entre elles que le moins possible, car on estimait dangereuses les fréquentations entre garçons d’âges différents, dont l’évolution n’était pas au même point. On craignait les exemples de dissipation, et surtout la contagion de curiosités nuisibles à la pureté des plis jeunes.
De même qu’elles possédaient leurs installations propres, les divisions avaient, chacune, leurs traditions et leur climat. Les Petits faisaient plutôt pitié. Ils attendaient de grandir et enviaient les élèves des hautes classes, dont ils imitaient parfois les traits de caractère ou les singularités de costume. Les Grands, au contraire, bénéficiaient d’un prestige particulier. Ils connaissaient bien plus de choses que leurs cadets, on leur tolérait des licences plus grandes et des jeux plus téméraires. Promus au rang d’hommes, ils feraient bientôt leurs débuts dans la vie : un Eden allait s’ouvrir devant eux, où tout serait découvertes, aventures splendides et absence de contraintes.
Des trois divisions, la plus mal notée, sans conteste, se trouvait être celle des Moyens, composée de garçons qui traversaient l’aride période de l’«âge ingrat», de la mue, et qui subissaient les poussées spasmodiques d’une transformation mystérieuse et brouillonne au terme de laquelle ils atteindraient à l’adolescence véritable. Il est vrai que turbulence, insolence, inattention, paresse et vantardise étaient les ordinaires défauts des garçons, entre douze et quinze ans. Pour ces raisons, la division des Moyens jouissait d’une renommée un peu scandaleuse. On y chahutait ferme.
Gabriel Chevallier
Sainte-Colline, 1937,
Livre de Poche, 1962, p. 82-83
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