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Saint-Chamond
15 juin 2009

La Croix de Saint-Chamond (hebdomadaire)

La Croix-de-Saint-Chamond 14 nov 1897

 

 

le journal La Croix de Saint-Chamond

 

En 1897 paraissait le premier numéro d'un hebdomadaire intitulé La Croix de Saint-Chamond. Expression du milieu catholique de la commune et de ses environs, il proposait des informations locales et cantonales auxquelles s'ajoutait le combat politique contre "le syndicat".

Sous ce terme, étaient désignés les partisans de la laïcité, les socialistes, les francs-maçons, les protestants, les juifs... La Croix de Saint-Chamond a été un journal très engagé à droite et antisémite comme l'était une bonne partie de la France politique et religieuse à l'époque.

 

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placard de présentation du journal (1898)

 

Au niveau national, le journal La Croix a été fondé par les Assomptionnistes en 1880, sous forme mensuelle, qui devint  quotidienne en juin 1883. Cette congrégation religieuse, créée en 1845, diffusait déjà Le Pélerin hebdomadaire. L'offensive des républicains contre la présence de crucifix dans les lieux et édifices officiels détermina le choix du titre. La Croix, journal "catholique, apostolique et romain" parmi d'autres, finit par occuper la place de seul quotidien catholique français.2lav89001

En 1890, le cardinal Lavigerie, par le "toast d'Alger" enjoint les catholiques à "rallier" la République. La Croix prétend d'abord que ne l'ayant jamais combattue, elle n'a pas non plus à la reconnaître. Mais elle se résoud à ce choix en 1893.

Lors de l'affaire Dreyfus ("l'Affaire"), le journal adopte des positions violemment antisémites.

Revenant sur cette période quelques années plus tard, l'écrivain Anatole France (1844-1924) a des mots très durs. Le journal La Croix : "rédigé dans le style du Père Duchesne", "portait pour vignette, au lieu du marchand de fourneaux, Jésus crucifié, et ce symbole donnait, pour l’égarement des simples, l’onction d’un texte édifiant et la majesté des formes liturgiques à leurs sales injures et à leurs abominables calomnies" (préface au livre d'Émile Combes, Un combat laïque, 1904).

"Bientôt, ajoutait Anatole France, des Croix parurent dans tous les départements, qui répandirent par les campagnes, avec l’image du Christ, le mensonge et l’outrage".


l'antisémitisme de La Croix de Saint-Chamond

 

20_f_vrier_1898
édition du 20 février 1898

Sous le titre "Complot", voici ce qu'on pouvait lire dans La Croix de Saint-Chamond, le dimanche 20 février 1898 :
- "Laboureurs, ouvriers, commerçants, le scandale Dreyfus-Zola, systématiquement exploité par tous ceux qui haïssent la France, démontre que notre patrie est la proie d'une invasion étrangère.
Cette invasion substitue à la race française, dans la direction des affaires du pays, une race d'outre-Rhin, dangereuse à la fois par son organisation internationale, son amour du lucre et ses attaches avec nos pires ennemis.
Depuis vingt ans, la France est la proie des juifs venus d'Allemagne. Les commerçants sont ruinés par leurs bazars, les ouvriers par leurs accaparements, les paysans par leur usure.
Ce n'est pas tout.
Les intérêts nationaux sont chaque jour barrés à l'étranger par cette banque judéo-allemande, sous le couvert de la franc-maçonnerie.
Sont complices plus ou moins conscients de ces criminels efforts :
1° les protestants sectaires, égarés par une solidarité confessionnelle et pour lesquels la vraie patrie est à Londres ou à Berlin.
2° les agitateurs socialistes qui, sous la direction de juifs prussiens, poursuivent l'anéantissement de toutes les forces sociales. (…)"

 

à suivre...

Michel Renard
professeur d'histoire

Michel retour lycée 3 oct 2012 (2) copie 3

 

 

 

 

 

 

__________________________________________________



petite histoire (épurée) de l'hebdomadaire catholique

par le Père Pupier et Georges Delorme


La Grand'Grange et l'hebdomadaire La Croix de Saint-Chamond, se sont retrouvés intimement mêlés. Il faut savoir que l'abbé Tardy portait la casquette de directeur de la Grand'Grange et celle de directeur de l'hebdomadaire local.

 

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la Grand'Grange à Saint-Chamond

Mais il faut remonter en 1893 où des jeunes gens vendaient à Saint-Chamond sept cent exemplaires de La Croix du Forez. En 1894, l'abbé Aubrun, vicaire à Saint-Julien-en-Jarez, et l'abbé Captier, aumônier du pensionnat Saint-Charles, organisèrent un modeste congrès de la bonne presse.

Une idée était née qui conduisait en 1897, à la parution de La Croix de Saint-Chamond d'abord en encart de La Croix du Forez, puis en parution autonome. L'abbé Aubrun en est le directeur, Étienne Mazenod le gérant.

 

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La Croix de Saint-Chamond ne se vend pas séparément
de La Croix du Forez et de la Vie des Saints

 

On peut noter tout de suite la dimension sociale de La Croix, puisqu'au siège à cette époque (6, rue de la Brosse) fonctionne un secrétariat du peuple qui donne des consultations médicales, des consultations juridiques, des renseignements sur les impôts, la loi militaire, les accidents du travail. On peut y faire écrire des lettres et consulter un bureau de placement. Cela pour une modeste cotisation, à la portée des ouvriers.

 

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le Secrétariat du Peuple

 

À noter aussi la création d'une société de secours mutuels privés "La Caisse des Familles" qui comptera trois cents membres dont un tiers de femmes en 1903.

La Croix de Saint-Chamond  du 1er janvier 1899 rappelle son but avec netteté :

"Quant à nous, nous nous efforcerons de rester fidèles à notre programme : travailler à la gloire de Dieu et au bien-être matériel et moral du peuple..." ou encore : "Malheur à nous, si en face de la démocratie naissante nous restons cantonnés dans cette sorte d'inertie pleine de morgue, qui fait de nous des êtres à part. Le monde actuel a des aspirations inconnues au siècle passé. Notre rôle à nous, catholiques, est de prendre la direction de ce torrent impétueux d'idées nouvelles".

 

2 200 exemplaires en 1902

L'abbé Huguet, orateur éloquent, polémiste impétueux et éblouissant, arrive le 31 mars 1902 et va faire de La Croix un journal populaire et turbulent dont on pouvait discuter les méthodes, mais non contester le succès. Le journal tire à 2 200 numéros.

 

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en 1903, expulsion des moines de la Grande Chartreuse (Isère)

 

C'est l'époque empoisonné par les expulsions des Congrégations, l'inventaire des églises, les amendes aux prêtres, un climat passionnel qui conduisait aux pires excès d'écriture et de langage.

Pierre Vanel, rédacteur talentueux de La Croix écrivait lors du 25e anniversaire en 1922 :

"Ayons un particulier souvenir pour le lutteur de jadis qui, acclamé par les uns, blâmé par les autres, critiqué parfois par ses amis, n'en fut pas moins notre porte-drapeau à une époque terriblement troublé et décevante. Pour notre part, nous les jeunes d'alors, une chose suffirait à sauver de l'oubli la mémoire de l'abbé Huguet, c'est qu'il fut à l'origine de nos cercles d'étude..."

Les cercles d'études connaîtront un grand succès sur la vallée du Gier et seront le creuset du catholicisme social. Pierre Vanel l'Izieutaire savait de quoi il parlait évoquant ce sujet.

 

les colonies de vacances de La Croix

L'abbé Bailly qui arrive en 1904, panse les plaies et les bosses et ouvre avec Étienne Mazenod, le groupement des Jardins Ouvriers, en suivant l'exemple stéphanois du Père Volpette. Les colonies de vacances de La Croix seront en fonction à Valfleury pour 32 jours. Les docteurs Drevon, Thevenon, Nicolas, Magnin apportent leurs cautions médicales. Les familles paient 30% du coût c'est-à-dire 15 francs. Le reste sera récupéré par souscription. C'est alors que rentreront en scène les élèves du collège Sainte-Marie qui, chaque année, organiseront une grande kermesse au profit des colonies de vacances de La Croix.

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Valfleury (Loire) : l'église et la maison des Pères

Si la dépenses des familles se trouvait sensiblement réduite, le trousseau à fournir par la fillette, pour ces premières vacances, ne manquait pas de volume. On demande :

"Une robe du dimanche, une robe pour la semaine, un manteau, deux jupons, quatre chemises, quatre pantalons, cinq paires de bas, une paire de souliers, une paire de galoches, six mouchoirs, quatre essuie-mains, quatre serviettes de table, une paire de draps, un fichu, un tricot, un tablier de coton, un tablier noir, un nécessaire de toilette, un parapluie, un ouvrage".

En 1910, une assemblée du groupement La Croix, sous la plume du président, le commandant de Parseval, fait état d'un groupe de cercle d'études, de 38 jardins ouvriers, de 131 enfants en colonie de vacances, à Doizieux pour les garçons, à Valfleury pour les filles, et de l'oeuvre du placement des petits bergers.

Depuis longtemps les familles, dès le début de l'été, plaçaient leurs enfants, tout jeunes, comme bergers dans les fermes. Avec tous les risques encourus concernant le traitement de ces enfants. La Croix proposait des familles de paysans avec des garanties morales. Toutefois cette pratique allait se heurter immédiatement à la voix des enseignants qui prétendaient (non sans raison), qu'il s'agissait là d'un encouragement à manquer l'école. Le placement des petits bergers par La Croix, quoique démarré dans une bonne intention, fut arrêté parles responsables.

 

4 000 exemplaires en 1914

Pendant ce temps, l'abbé Bailly fait imprimer le journal à Lyon sur six pages. À la veille de la guerre de 1914, La Croix tire à 4 000 exemplaires.

Un entrefilet du 21 juin 1908 de La Croix de Saint-Chamond annonce à Izieux, la première messe de l'abbé Eugène Tardy étudiant au séminaire universitaire. En septembre 1911, l'abbé Tardy était nommé directeur de La Croix.

Le 14 février 1909, La Croix de Saint-Chamond achète un cinématographe. Voilà l'occasion pour des jeunes bénévoles de sillonner la campagne. La Valla, Valfleury, Doizieux, Le Bessat, pour projeter des grands métrages comme La Passion ou des films comiques. Le cinéma aux champs était né. Son succès fit sans doute grincer les dents des salles organisées, car sa carrière fut éphémère.

L'abbé Tardy revenu de la guerre de 1914 avec la Croix de guerre reprit ses fonctions de directeur, en même temps que son rôle d'aumônier des oeuvres de la Grand'Grange. En 1918, il fait imprimer le journal à Saint-Étienne, s'attache la collaboration de Me Auguste Prenat, de Joseph de Verrière (Mgr Lavarenne), Pierre L'Ermite. Il ouvre le journal aux poésies de Marie Argentine, et surtout de Louis Mercier incomparable chantre des saisons.

Le premier syndicat chrétien des Employés se fonde et ce n'est pas innocent si, en 1922, Jules Zirnheld, président de la C.F.T.C. [1], sous le patronage du 25e anniversaire de La Croix de Saint-Chamond, vient faire un véritable discours de propagande, qui marquera une progression sensible de ce syndicat dans la région.

 

10 000 exemplaires dans les années 1920

Si en 1926 le groupement des Jardins Ouvriers compte 69 lots, les colonies de vacances sont prises en charge par la Croix Rouge. D'autres priorités sollicitent les bénévoles du journal. Ce sera la J.O.C., la J.A.C., le financement des écoles libres. En 1928, la fondation de l'école technique de la Grand'Grange aura besoin de toute l'énergie de son fondateur. La Croix de Saint-Chamond atteint sur la Vallée du Gier un tirage de plus de dix mille exemplaires. On ne peut pas passer sous silence le travail obstiné de la famille Martel, à la base de cette réussite.

Après la guerre de 1945, La Croix de Saint-Chamond, qui avait cessé de paraître en 1943, revivra avec La Vallée du Gier qui deviendra L'Essor diocésain sous la direction de l'abbé Dusserre et de Jules Pichon rédacteur en chef. L'Essor abandonnera sa qualification d'hebdomadaire catholique sous la direction de M. Fargetton Henry, tout en restant d'obédience chrétienne.

Père Pupier et Georges Delorme, Sur les ruines du Château...
des fleurs ont poussé. Saint-Ennemond - La Grand'Grange
,
additif au n° 94 de l'Écho de la Grand'Grange, 1989, p. 309.

 


- les photos accompagnant cet article comme les intertitres ont été ajoutés. Michel Renard

 

[1] Jules Zirnhel (photo ci-dessous) fut le président de la C.F.T.C. de 1919 à 1940.

zimheld









 

 

 

 

 

procession_F_te_Dieu___Sainte_Marie
un encadrement catholique très présent à Saint-Chamond

 

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