la place Dorian (1889)
à Saint-Chamond
I - de la place Saint-Antoine à la place Dorian
La place Dorian a pris ce nom en 1889. Auparavant, elle s'appelait la place Saint-Antoine. Comme on peut le voir sur le cadastre napoléonien, levé en 1811 par Serpolet.
cadastre napoléonien, tableau d'assemblage : plan levé par Serpolet, 1811
la place Saint-Antoine sur le cadastre napoléonien, Serpolet, 1811
II - nom de la place : qui était Pierre Dorian ?
Pierre Frédéric Dorian est né à Montbéliard dans le Doubs le 24 janvier 1814. Il adhère dans sa jeunesse aux thèses des Saint-Simoniens. Maître de forges dans la Loire et maire d’Unieux, il est très populaire auprès des classes moyennes et du peuple, ce qui lui permet de se faire élire comme candidat de l’opposition en 1863 sous le Second Empire. Partisan de la paix, il vote contre la déclaration de guerre à la Prusse en 1870.
Il est ministre des travaux publics en septembre 1870, dans le gouvernement de la Défense Nationale, il est chargé avec Jules Favre, d’ouvrir des négociations avec Bismarck relatives à la capitulation de Paris. Il est chargé des problèmes d’armement, puis, quelque temps de l’intérim de Jules Simon ministre de l’Instruction Publique et de l’intérim du ministre du Commerce ainsi que des Cultes et des Beaux-arts du 4 février 1871 au 22 février 1871.
Il est député de la Loire de 1863 à sa mort, il siège à gauche.
Pierre Frédéric Dorian est décédé le 14 avril 1873 à Paris. Il repose au cimetière du Père Lachaise.
source
III - la place Dorian avant 1904
la Société Générale, carte postale envoyée en 1901
la Société Générale
la carte a été postée le 7 septembre 1904, mais la prise de vue doit également
dater d'une période de beau temps compte tenu du nombre de canotiers...
carte postée avant 1910 (cachet en partie effacé), datant probablement de 1902
Sur cette carte, des affiches sont apposées sur les murs du petit édifice des Poids publics. Elles ne sont pas facilement lisibles, mais l'une d'elles est une annonce du journal La Dépêche de Lyon pour un spectacle intitulé Paillasse.
Paillasse était un drame lyrique en deux actes qui fut très populaire. Il fut créé en 1892, à Milan, par le compositeur et librettiste italien Ruggero Leoncavallo (1857-1919).
Paillasse est l’histoire d’un clown, Canio, directeur d’une troupe de comédiens ambulants, qui, très amoureux de sa femme Nedda, joue sur la scène le mari trompé. Cela ne le dérange pas tant qu’il est certain qu’il ne l’est pas dans la réalité. Pourtant, un jour, le doute est plus fort que lui, et sûr d’être trompé, il tue sur scène sa femme et son amant.
L'opéra est traduit en français par Eugène Crosti (1833-1908) et joué le 26 novembre 1894 au Grand théâtre de Bordeaux. Le 14 décembre 1902, l'oeuvre entre au répertoire de l'Opéra de Paris. Elle est jouée le 21 mai 1903 à l'Opéra de Tours.
Le Journal du Loiret, en date du 1er janvier 1903, nous apprend que Paillasse fut joué, entre autre, à Lyon... l'année précédente.
La carte postale peut donc être datée de 1902.
Le Journal du Loiret, 1er janvier 1903
décembre 1902, Paillase à l'Opéra de Paris
Théâtre national de l'Opéra, Paillasse, en 1903
comédiens jouant dans Paillasse
IV - la place Dorian entre 1900 et 1914 (Belle Époque)
héritage du "poids public" d'usage obligatoire sous l'Ancien Régime,
le Poids public de la place Dorian était surtout destiné aux volumes lourds
(bois, récoltes, bêtes...) ; la plaque à bascule est sur le sol, juste devant la guérite
les trois hommes sont sur la plaque à bascule ; carte postée en 1906
place Dorian, personnages
postée en 1907
charette attelée, tirée par des boeufs (?) et portant des troncs d'arbres
le petit édifice du "poids public" a disparu ;
outre la Société Générale, on lit à droite "Vêtements Conchon-Quinette"
place Dorian à Saint-Chamond
on distingue une des deux petites enceintes métalliques (toilettes publiques)
avec plusieurs voitures de la Belle Époque
magasin de droite : "Aux Grandes Halles"
les deux petits parcs clôturés ont disparu ; postée en 1911
magasin de gauche : "Grande Épicerie de Paris - F. Rolland"
la place Dorian en 1914 ou juste avant
la très visible façade du Progrès
place Dorian et enseignes commerciales du journal Le Progrès
- 20 juillet 2011, travaux autour de la fontaine
Michel Renard
professeur d'histoire
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