sous-sol du site Giat (Aciéries de la Marine)
sous-sol du site Giat (Aciéries de la Marine)
archéologie industrielle
La poursuite des travaux d'aménagement et de décapage du sol sur le site de l'ancien Giat fait découvrir des vestiges bien conservés de constructions en briques. Pour l'instant, je ne sais pas si quelqu'un les a identifiés, ni si les travaux vont être arrêtés pour investigation et diagnostic par une unité de recherches archéologiques préventives (Inrap).
niveaux du sol des Aciéries
Il apparaît, en tout cas, clairement que le sol a été profondément remanié lors des constructions d'édifices et de structures industrielles sur le site des anciennes Aciéries de la Marine. Il a été nettement exhaussé, enfouissant les restes d'élévations antérieures non complètement détruites et générant un remblais important.
De quoi s'agit-il ? Il est difficile de se prononcer pour le moment. Seraient-ce des galeries souterraines ? Dans ce cas, l'exhaussement se mesurerait en centimètres. Ou d'édifices primitifs à l'air libre ? Ce qui signalerait un exhaussement de plusieurs mètres.
coupe du sous-sol des Aciéries de la Marine/Giat - © Michel Renard
site Giat, plate-forme basse
à quelques centimètres sous le sol, un appareillage de briques qui semble bien la voûte d'un ouvrage plus profond
autre arcade affleurant à trente centimètres sous le sol
appareillage de briques à trente centimètres sous le sol
appareillage de briques à trente centimètres sous le sol, et restes de conduites
toute la zone recèle des constructions de briques
photos 13 février 2016
Michel Renard
vestiges des fours Martin-Siemens ?
Selon un article des Annales des Mines de 1899, les usines de Saint-Chamond comprenaient une grande aciérie Martin-Siemens avec sept fours de 15 à 40 tonnes, un atelier de puddlage, des ateliers de tours et de laminage, une grande et une petite tôlerie, un atelier de grosse forge avec marteau-pilon de 100 tonnes et presse à forger de 4 000 tonnes, des ateliers de trempe, de finissage, de montage pour les tourelles cuirassées, avec presses de 3 000 et de 3 500 tonnes.
Les fours Martin-Siemens sont dotés, en-dessous du four proprement dit, de quatre régénérateurs qui sont des chambres remplies de briques réfractaires servant d'accumulateurs de chaleur.
four Siemens et ses quatre chambres de briques
four Siemens et ses chambres de briques
four Martin-Siemens et ses chambres de briques
fonctionnement d'un four Martin (Grand Memento de l'Encyclopédie Larousse, 1930)
Ce sont peut-être ces chambres de briques, sur la plate-forme basse du site, qui apparaissent aujourd'hui sous le sol de la célèbre usine saint-chamonaise. Il faudrait alors leur consacrer une recherche archéologique.
Michel Renard
professeur d'histoire
site Giat, plate-forme haute (rue Sibert)
localisation des vestiges de galeries souterraines des Aciéries de la Marine
rue Sibert, photo de Denis Tardy, 12 février 2016
rue Sibert, photo de Denis Tardy, 12 février 2016
photos 12 février 2016
Denis Tardy
rue Sibert, photo de Ronan Pelletier, avant le 16 février 2016
photo de Ronan Pelletier
rue Sibert, photo Michel Renard, 16 février 2016
rue Sibert, photo Michel Renard, 16 février 2016
rue Sibert, photo Michel Renard, 16 février 2016
rue Sibert, photo Michel Renard, 16 février 2016
rue Sibert, photo Michel Renard, 16 février 2016
photos 16 février 2016
Michel Renard
destruction des vestiges !
Trois ou quatre jours après leur mise à jour lors des travaux d'aménagement du sol, les galeries souterraines des Aciéries de la Marine, datant probablement d'avant 1914, ont été détruites. Aucune fouille par les unités de l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) n'a été envisagée !
entre le 12 et le 16 février, les galeries souterraines mises à jour ont été détruites !
Les responsables du chantier n'ont, à l'évidence, prévenu personne. C'est bien dommage. Une investigation par des spécialistes de l'archéologie industrielle aurait sûrement permis d'en savoir plus sur l'organisation de la production des Aciéries et sur le fonctionnement des infrastructures de cette gigantesque usine, patrimoine urbain et industriel de Saint-Chamond.
Michel Renard
professeur d'histoire
correctif du 2 mars 2016
La crainte que les vestiges ne soient totalement détruits a été démentie par Nicole Forest, maire-adjointe chargée du patrimoine dans le journal Le Progrès du 1er mars 2016. Une partie a été démolie mais les voûtes ont été enterrées.
Nicole Forest explique que la société Cap Métropole, chargée du chantier, a arrêté celui-ci lorsque les voûtes ont été mises à jour, en janvier de cette année. Cap Métropole a ensuite sollicité une expertise auprès de la société Apave qui a déclaré que ces voûtes n'avaient pas de valeur historique...
En attendant de prendre connaissance de cette expertise, il est permis de douter de l'absence d'intérêt historique de ces vestiges industriels. Mais qu'ils aient été préservés est une bonne nouvelle.
Michel Renard