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Saint-Chamond
24 décembre 2012

occupation autrichienne à Saint-Chamond en 1814-1815 : vestiges graphiques

maison 616 St-Ennemond

 

occupation autrichienne

à Saint-Chamond en 1814-1815

 

Diapositive1
une maison numérotée "616" dans la Grand'rue de Saint-Ennemond

 

contexte historique général

En 1814 et surtout à partir de 1815, la France connu une occupation massive de son territoire par les armées ayant vaincu Napoléon 1er. En 1814, le premier traité de Paris (30 mai), n'envisage pas d'occupation ni de versement d'indemnités. Mais après la défaite de Waterloo (18 juin 1815), on compte à l'été 1 236 000 soldats étrangers cantonnés en France.
Et le second traité de Paris (20 novembre 1815) contraint la France au paiement d'une indemnité de guerre de 700 millions et à une occupation militaire de 150 000 hommes pendant cinq ans.

594px-Carte_d'occupation_france_1815
carte de l'occupation de la France en 1815
source Wikipedia

Il n'existe pas, à ma connaissance, d'étude synthétique, en langue française, sur cette occupation mais de nombreux travaux locaux et régionaux.

Dans leur livre La France des notables (Nouvelle histoire de la France contemporaine, n° 6, Points-Seuil, 1973), André Jardin et André-Jean Tudesq livrent tout de même une vue d'ensemble de cette période :

France notables couv

- "Après les 150 000 Anglo-Prussiens, vainqueurs à Waterloo et parvenus 14 jours plus tard aux portes de Paris, le gros des armées alliées déferla sur le pays de juillet à septembre. Au début de ce dernier mois, il y avait plus de 1 200 00 soldats étrangers sur le sol français : Anglais, Russes, Prussiens, Autrichiens, Bavarois, Wurtembergeois, Hessois, Badois, Danois, Suisses, etc. Les Espagnols eux-mêmes, bien qu'en paix avec la France, firent deux brèves incursions en direction de Bayonne et de Perpignan.

Juridiquement les coalisés étaient les alliés du roi de France qui avait adhéré au traité du 25 mars contre contre l'usurpateur [Napoléon 1er]. Et les chefs de corps avant de franchir la frontière proclamaient que leurs troupes venaient en amies. En fait, aux yeux de toute l'Europe, la masse des Français semblaient s'être ralliée à Napoléon 1er et il s'agissait de faire payer au peuple vaincu la nouvelle alerte qui avait forcé les autres peuples à repartir en guerre. On lui ferait supporter la dure loi de la conquête, puisqu'il n'avait pas compris la modération relative de 1814. On le forcerait aussi à payer les frais de la nouvelle mobilisation en lui faisant nourrir, loger, habiller les soldats de la coalition.

Ce fut d'abord une ruée des frontières de l'Est et du Nord en direction de Paris. Déjà endettés, les départements de l'Est, qui avaient été foulés par l'invasion de 1814, puis avaient subi de multiples réquisitions lors des Cent-Jours, furent ruinés par les exigences les plus diverses. Puis, le 24 juillet, l'occupation fut organisée : l'ensemble des territoires qui y étaient soumis comprenait en tout ou en partie 61 départements, ne laissait libre au nord de la Loire qu'une partie de la Bretagne et du Cotentin ; il débordait le cours supérieur de ce fleuve et le cours inférieur du Rhône et atteignait la Méditerranée.

caractère arbitraire de l'occupation

L'occupation ainsi stabilisée n'en garda pas moins son caractère arbitraire : saisie de fonds publics, contributions en argent levées sur les aisées, livraison de draps, de chemises, de chaussures, fourniture de subsistances en pain, en viande, en vin, de fourrages. Mais les règles que prescrivaient les intendances étaient dépassées dans la pratique : les indemnités de table exorbitantes allouées aux officiers n'empêchaient point des réquisitions, les soldats consommaient par jour jusqu'à dix bouteilles de vin ou un litre d'eau-de-vie, les hôpitaux affectés aux alliés devinrent d'étonnants centres de suralimentation.

Si les biens publics étaient saccagés, les particuliers étaient soumis aux exactiuns les plus diverses : leurs récoltes saisies, leurs femmes ou leurs filles violées, les maisons incendiées. Des destructions systématiques d'oeuvres d'art au gaspillage le plus stupide, tout concourait à l'appauvrissement du pays. Les fonctionnaires qui tentaient de résister étaient durement sanctionnés ; des garnisaires s'installaient chez les préfets (plusieurs furent déportés en Allemagne), les maires et les percepteurs étaient rossés. La réputation de certains corps devint telle que la population s'enfuyait dans les bois à leur approche.

ce
campement des Cosaques sur les Champs-Élysées en 1815

Il faut cependant apporter quelques nuances à ce tableau : les Anglais gardèrent une discipline stricte et, exigeants sur l'exécution de leurs réquisitions, furent relativement modérés ; Wellington, hostile aux actes arbitraires, par tempérament de gentleman et aussi parce qu'il craignait une révolte désespérée des Français, stigmatisait durement les excès des troupes des Pays-Bas placées sous ses ordres ; les Russes, eux aussi, se montrèrent souvent disciplinés et sans haine, sauf les cosaques qui, anarchiques et pillards, semaient partout une véritable terreur ; quant aux Autrichiens, ils commerçaient de tout, des coupes de bois au tabac et au papier timbré, qu'ils saisissaient pour le revendre ensuite au-dessus du prix légal ; les plus redoutés, les plus haïs des occupants étaient cependant les Prussiens et les soldats des États allemands jadis occupés par les troupes de Napoléon. Avec eux, les brimades étaient systématiques. Blücher lui-même campait en soudard au château de Saint-Cloud, donnant l'exemple de la rapine.

Le gouvernement français avait dû, à la demande des alliés, licencier l'armée de la Loire. Il ne lui restait que la persuasion : dès le 9 juillet, il avait créé une Commission nationale des réquisitions qui tenta d'obtenir de la Commission interalliée de cenbtraliser toutes les demandes.
Elle dut se borner à transmettre les plaintes des préfets au gouvernement. Celui-ci obtint cependant que les alliés laissassent fonctionner l'administration française, moyennant le versement de 50 millions destinés à la subsistance de leurs troupes (auquel s'ajouta une indemnité d'habillement et d'équipement de 120 francs par homme), payables par mensualités ; pour parer au plus pressé, le gouvernement leva un emprunt extraordinaire de 100 millions sur les riches. Mais les sommes déjà prélévées ne furent pas déduites de ces versements et, en fait, bien des exactions continuèrent.

Ce fut seulement lorsqu'ils décidèrent d'imposer à la France un nouveau traité que les alliés commencèrent au milieu de septembre à desserrer l'étau et à évacuer le territoire occupé." (op. cit., p. 31-33).

André Jardin et André-Jean Tudesq

____________________________________

 

Cependant le ministre Richelieu parvient habilement à rembourser l'indemnité en trois ans et obtient définitivement l'évacuation des troupes alliées dès 1818 lors du traité d'Aix-la-Chapelle d'octobre 1818. Les soldats devaient partir dès le mois de novembre.

M.R.

 

la situation à Saint-Chamond, 1814-1815...

L'histoire de l'occupation autrichienne à Saint-Chamond est encore à écrire. En 1814, le 21 mars, la ville de Lyon fut occupée par les Autrichiens qui, trois jours plus tard se trouvaient à Saint-Étienne avec 5 000 soldats. Ils ont donc dû passer par Saint-Chamond.
En 1815, l'occupation de Saint-Étienne débuta le 31 juillet et prit fin à la mi-septembre (voir l'article détaillé de R. Grataloupt sur forez-info.com).

À Saint-Chamond, j'avais commencé à étudier les archives portant sur les réquisitions effectuées par les troupes autrichiennes... mais je ne retrouve plus mes notes et, de toute façon, le travail était lacunaire. Par contre, l'inscription sur la maison de la Grand'rue de Saint-Ennemond a été élucidée par l'archiviste de Saint-Chamond, Samuel Bouteille.

Diapositive1
la maison au numéro 616,
datant de l'occupation autrichienne en 1815

Ce dernier me précise que l'inscription remonte à : "1814, date à laquelle la France est envahie par les troupes coalisées contre Napoléon. Parmi les envahisseurs, des Prussiens et des Autrichiens. Il semble que ce soit des Autrichiens qui ont été logés à Saint-Chamond en 1814. On retrouve leur trace dans les Archives municipales grâce à deux délibérations du Conseil municipal du 8 avril 1814 (1Dsc8), ainsi qu'à un "registre destiné à l'inscription des personnes sujètes au logement de la troupe", ouvert le 1er avril 1814 (2Hsc6). Celui-ci recense les 643 maisons réquisitionnées, dont la 616, située Grande Rue de Saint-Ennemond, où habitaient alors Jean Benoit Murgues, passementier, Jean-Baptiste Pelletier, cloutier, Benoit Françon, passementier, et Jean-Baptiste Péron dit Labranche, passementier également...".
Merci pour ces précisions.

Michel Renard
professeur d'histoire
au lycée de Saint-Chamond

 

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